La mémoire de travail : une fonction clé pour l’apprentissage

 

La mémoire de travail est la capacité à maintenir et à manipuler des informations à court terme, ce qui est essentiel dans de nombreuses tâches cognitives.

 

Dans la vie de tous les jours, nous l’utilisons pour nous souvenir de ce que nous devons faire ensuite ou pour comprendre des phrases longues par exemple. Elle est également importante pour le contrôle de l’attention et le maintien de l’information pendant la résolution de problèmes. D’une façon plus générale, il a été évoqué que la mémoire de travail constituait le facteur le plus important pour déterminer les capacités intellectuelles générales.

 

Plus récemment, il est devenu clair qu’il existe un lien étroit entre la capacité de mémoire de travail et les capacités attentionnelles. Par exemple : aptitude à se focaliser sur une seule voix en dépit du bruit ambiant, soutenir son attention pour finir une tâche, ne pas perdre le fil de ses pensées,…

 

Des troubles de la mémoire de travail peuvent apparaitre dans de nombreuses circonstances.

 

Il est normal que la capacité de la mémoire de travail varie d’une personne à une autre. Chez un même individu, cette capacité peut se trouver temporairement réduite par le stress ou par un manque de sommeil. En outre, il est normal que cette capacité décline avec l’âge : elle commence à décliner vers l’âge de 25-30 ans et continue à diminuer de 5 à 10% tous les dix ans.

 

Hormis ces fluctuations normales, la capacité de la mémoire de travail peut également être altérée pour des raisons médicales (TDA/H, AVC, traumatismes, Alzheimer, Parkinson,…), dans le sens où ces troubles affectent les systèmes neuronaux impliqués dans cette mémoire de travail.

 

Le dysfonctionnement de la mémoire de travail provoque des troubles de l’attention et de l’organisation. Réciproquement, un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) induit également des troubles de la mémoire de travail. Les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité sont accompagnés de graves problèmes d’attention, d’impulsivité et d’hyperactivité. Les TDA/H affectent 3 à 5% des enfants âgés de 6 à 16 ans, ce qui en fait le trouble neurologique le plus répandu dans cette tranche d’âge. En grandissant, les enfants présentant un TDAH voient leur problème d’hyperactivité diminuer. Mais leur problème d’inattention, qui les conduit souvent à échouer au niveau scolaire et professionnel, persiste dans la majorité des cas. De nombreux spécialistes pensent que les troubles de la mémoire de travail peuvent expliquer en grande partie les troubles cognitifs et comportementaux associés au TDA/H.

 

Les troubles d’apprentissage sont un autre phénomène répandu chez les enfants et les adultes. Il s’agit de difficultés scolaires qui ne sont pas dues à un manque d’accès à l’éducation, à un manque d’intelligence ou à des troubles physiques ou émotionnels. Il a été démontré que les troubles des apprentissages peuvent être directement liés à des troubles de la mémoire de travail.

 

Intérêt d’un entrainement de la mémoire de travail

Notre cerveau est plastique, entendons par là qu’il est capable de se modifier, d’évoluer. Un entrainement régulier permet dès lors d’améliorer la capacité de la mémoire de travail et ce, aussi bien chez les enfants que chez les adultes.

 

L’amélioration de la capacité de la mémoire de travail permet bien sûr d’améliorer les performances dans la réalisation de certaines tâches qui nécessitent la mémoire de travail mais également celles qui mettent en jeu le contrôle attentionnel. C’est ainsi que sont observées une amélioration de l’attention et une réduction des symptômes du TDA/H.

 

L’entrainement de la mémoire de travail peut également influer sur les difficultés d’apprentissage et les résultats scolaires. Une telle remédiation induit aussi une amélioration des performances au travail et dans de nombreuses tâches de la vie quotidienne.

 

Remédiation via le programme COGMED

Cette remédiation, réalisée sur ordinateur (via internet) à domicile, est constituée d’un ensemble de tâches impliquant la mémoire de travail et dont le niveau de difficulté est progressif. L’utilisateur effectue tous les jours un nombre déterminé d’épreuves, ce qui lui prend entre 40 et 50 minutes par jour (20-30 minutes pour les plus jeunes). L’entrainement se déroule sur cinq semaines à raison de cinq jours par semaine. Les résultats sont analysés par le thérapeute qui fait un retour de ceux-ci de façon hebdomadaire.

Il s’agit donc d’un drill intensif sur une courte durée qui permet d’une part d’observer rapidement des changements grâce au transfert dans des tâches non entrainées et d’autre part de réduire le coût de la prise en charge.

Enfin, les études scientifiques mettent en avant un effet durable de l’entrainement de la mémoire de travail. Il est possible que ces effets à long terme soient induits également par des réactions positives, dans la mesure où l’amélioration initiale de la mémoire de travail amène la personne à participer plus activement à des activités quotidiennes plus exigeantes d’un point de vue mental, permettant ainsi de prolonger l’effet de l’entrainement. Les bénéfices sont donc évidents d’un point de vue clinique. Ils sont durables et retrouvés dans toutes les tranches d’âge, aussi bien chez les enfants que chez les adultes.

 

Texte réalisé d’après Torkel Klingberg, MD, Ph. D., Professeur de Neurosciences Cognitives à l’institut Karolinska.